Au départ, le Minier était divisé entre trois paroisses : la Roubière, Amalon et Le Viala. En effet, lors de la création de ces trois paroisses, le village du Minier n’existait pas, aussi prit-on comme frontière des paroisses les limites naturelles créées par les ruisseaux du Doulsac et de Saint Symphorien. Ainsi le futur emplacement du Minier se trouva divisé en trois quartiers. Lorsque le village devint actif, on y construisit une chapelle fondée par le prêtre ORCIVAL et dépendant de la paroisse d’Amalon. Elle se nommera Saint Jacques du Miner et sera desservie par les trois curés des trois paroisses.
Ce n’est qu’en 1758 que les limites paroissiales inadaptées au peuplement furent modifiées. La paroisse de la Roubière fut supprimée. La paroisse d’Amalon, agrandie de celle de la Roubière, vit son église paroissiale transportée au Minier, à la chapelle Saint Jacques qu’il a fallu agrandir.
L'église du Minier avec son curieux clocher intégré dans la façade
L’église d’Amalon fut progressivement abandonnée et a totalement disparu aujourd’hui. De plus la partie du Miner qui dépendant de Saint Sernin du Viala fut rattachée à la nouvelle paroisse du Minier en échange de Valencas qui passa de celle d’Amalon au Viala.
Ce n’est qu’en 1758 soit 500 ans au moins après le développement du Minier dû aux mines : (les premières mines d’argent furent découvertes et exploitées vers 1250 puis durant le 13è, 14è et 15ème siècle) que la paroisse du Minier voit le jour. Aujourd’hui, les églises d’Amalon et de la Rouvière ont totalement disparu.
Ce phénomène est intéressant à plus d’un titre. En effet, au début du Moyen-Age, les églises étaient souvent isolées et correspondaient à un habitat dispersé comme les églises d’Amalon et de la Roubière. Puis les villages vont se développer et la tendance va aller au regroupement des églises et cimetières près ou dans les villages.
La nouvelle église du Minier sera agrandie en 1758 par Jean Foissac de Saint Rome et Guillaume Galzin avec l’aide matérielle et financière des habitants. Elle a une forme originale avec son clocher parfaitement intégré aux murs et au toit.
Ce texte daté du 12 mars 1906, et affiché au fond de l'église du Minier, faisant suite à la loi de 1905 relative à l'inventaire des biens de l'église, nous apporte quelques précisions fort intéressantes sur l'édification de ce bâtiment.
"Privés par les évènements de 1793 de leur église paroissiale de Lamalou, les habitants du Miner ne voulurent ni se passer du culte public, ni se rendre tributaires de la paroisse du Viala du Tarn.
Malgré leur extrême pauvreté, ils élevèrent comme ils purent ces gros murs, sans élégance et sans style, et cette voûte solide que nous voyons aujourd'hui, et ils en firent leur église. Elle répondit à leur pauvreté, car elle n'eut d'abord que ses quatre murailles avec un piètre autel, comme peuvent en témoigner ceux qui l'ont vue dans cet état misérable. Ils appelèrent un prêtre pour les desservir, et prirent sur leurs maigres ressources l'argent pour le payer. Ils en prirent un second et un troisième qu'ils continuèrent à faire vivre avec les deniers de leurs privations et ce n'est qu'en 1844 qu'ils purent obtenir du gouvernement d'alors de voir leur prêtre payé par l'Etat et la paroisse érigée en succursale.
Mais entre-temps, sans l'aide pécunière du dehors, sans conseil de fabrique, ils avaient ajouté une sacristie à leur église, l'avaient dotée d'un autel, d'un rétable, d'une chaire et de tous les objets nécessaires au culte. Quelques temps plus tard, ils y ajoutèrent la petite chapelle de Notre-Dame, son autel et la tribune que nous voyons, avec les deux cloches qui la surmontent, et toujours avec les mêmes fonds puisés à la même source, c'est à dire la pauvreté, car ici, il n'y a jamais eu de fortune.
Par conséquent, la logique la plus élémentaire dit bien haut et sans conteste que soit l'église, soit son mobilier appartiennent uniquement ou à quelques particuliers ou aux habitants de cette paroisse, puisqu'en aucun moment l'Etat, le département comme la commune n'ont donné aucune espèce de secours.
Voilà pourquoi nous protestons de toutes nos forces, sans toutefois que cette protestation ait rien de blessant pour votre très honorable personne, contre cet inventaire, attendu qu'il vient porter atteinte aux droits les plus légitimes de la propriété la plus sûre et la plus incontestable. Et tout en faisant les réserves les plus expresses pour l'avenir, nous ne vous opposerons aujourd'hui que la force morale. Oui, au nom de la religion, de la justice, du droit et de la liberté, nous nous refusons à votre inventaire qui aux yeux du plus grand nombre n'est que le prélude d'une spoliation plus ou moins prochaine et nous n'en serons que les témoins muets ou attristés. A vous de voir si vous devez passer outre."