Nous ne savons que très peu de choses sur la période d'insécurité de la fin de l'Empire Romain. Il doit y a voir des vestiges d'habitations de cette époque mais ils restent à découvrir. Nous savons que le pays des Rutènes dépend des Wisigoths de 472 à 533 puis des Francs. Notre région sera à la limite des pouvoirs Franc et Wisigoth pendant deux siècles. L'occupation agricole de nos terroirs continue, des domaines agricoles prennent la suite des immenses villas gallo-romaines. Tel devait se présenter Valencas en 924. A cette date, un nommé Etienne et sa femme Richilde vendirent à l'évêque de Rodez une habitation rurale avec jardin sise dans le village de Valencas.
Dès le haut Moyen-Age, des paroisses rurales sont fondées sur des emplacements de cltes ancestraux tels que des hauteurs, des sources ou des pierres. Aussi des églises vont-eles s'élever comme l'église Saint-Cyrice et Sainte Juliette d'Amalou dans la vallée du Riuo Gran, aujourd'hui disparue, ainsi que l'église de Saint Etienne de Meilhas d'où la vue est magnifique, ou la chapelle de Plescamps dominant Pinet.
Saint Etienne de Meilhas Chapelle de Plescamps avant rénovation
Les premiers écrits concernant la chapelle de Plescamps remontent à 924 ; c'est une des rares chapelles qui peut se vanter du titre de "préromane". Située sur un éperon rocheux, émergeant des châtaigniers, elle est construite dans une zone "relativement" plate au milieu des pentes abruptes et sauvages d'où le nom de "Planus Campos".
Notre Dame de la Capelle était une église paroissiale avec pour annexe la chapelle castrale de Pinet. C'est son éloignement qui provoqua son abandon après maintes péripéties. C'est en 1942 que des travaux de réhabilitation commencèrent vraiment et l'arrivée du Père Cazottes entraîna une nouvelle vie pour cette chapelle. (Lire le n° 45 de "Sauvegarde du Rouergue")
Au début du Moyen-Age, l'habitat est dispersé, les villages peu nombreux. Les tombes disséminées sont fréquentes. On peut voir au-dessus de St Symphorien cinq sarcophages taillés dans le grès très bien conservés. L'église de Saint Etienne de Meilhas est construite en partie sur des tombes semblables. Une autre tombe enfin a été localisée sur le puech dominant Valencas d'où provient également une belle tête sculptée naïve qui date peut-être du 11ème siècle.
Dès le 11ème siècle, nous avons confirmation de l'existence de châteaux.
Les ruines du château du Trépador se dressent sur un rocher dominant le Tarn. Le Trépador contrôlait la vallée du Tarn, celle du Minier, le passage du Mas de la Nauc où se trouvait un gué et un ancien chemin joignant le Minier au pont de Saint Rome de Tarn.
La tour refuge du Trépador, dont l'assise rocheuse est séparée du causse par un large fossé, est très ancienne. En contrebas du rocher, on peut voir des vestiges de murs. Plusieurs bâtiments ou maisons devaient se dresser là, dans la basse-cour.
Au 12ème siècle, ce château appartenait au seigneur de Lévezou qui le vendit en 1174 au comte de Rodez, Hugues II pour 3500 sous; le comte de Rodez le donna à Bertrande d'Amalon qu'il devait épouser plus tard. En 1312, la comtesse Cécile de Rodez y avait fondé une chapelle. En 1381, le comte d'Armagnac, successeur des comtes de Rodez, échange avec l'abbaye de Saint Sernin de Rodez le Trépadou et le Viala du Tarn contre Trébas et Gayore situés dans la vallée du Tarn en Albigeois. Dès lors le château n'eut certainement plus aucun rôle militaire et dut être abandonné.
C'est dans un document du 12ème siècle que l'on a retrouvé la trace de l'ancien château de Roque-Viran. Il ne reste de ce château que quelques rares traces de mur et un nom "lo ròc de la glèisa" perpétuant certainement le souvenir de l'ancienne chapelle du château.
C'est vers les 11è et 12è siècle que vont se développer les villages. L'habitat dispersé disparait de plus en plus et les populations se regroupent en hameaux ou villages autour d'une église au milieu d'un terroir agricole important comme le Viala du Tarn, Saint Symphorien, Ladepeyre, Valencas, Le Coudol.
D'autres sont érigés sur des lieux de passage comme Pinet qui domine un ancien gué sur le Tarn ou prospèrent le long d'un ruisseau qui fournit la seule énergie non humaine ou animale pour faire tourner les moulins comme Coudols. Enfin un village naît grâce à la découverte de mines d'argent, Le Minier.
Le Viala du Tarn
Des traces de remparts dans le village
Le village du VIALA DU TARN existait déjà au 12ème siècle. Il dépendit d'abord du monastère bénédictin d'Ispagnac, en Lozère. Puis de 1383 à la Révolution, il dépendit de l'abbesse du monastère Saint Sernin sous Rodez.
Le village s'est entouré de remparts vers le 15ème siècle. une maison forte appelée "Château de Madame" propriété des abbesses du monastère Saint Sernin sous Rodez, appuyée aux remparts du côté le plus menacé devait renforcer la défense de ce point faible.
L'église primitive incluse dans l'enceinte, devait elle aussi concourir à la défense ainsi que le fossé entourant le village.
Le nom de "Tras de la muralha" témoigne encore des anciennes fortifications. Du côté opposé, on trouve les vestiges d'une tour ronde et la seule porte surmontée d'une tour qui soit encore debout: la "tour de l'horloge".
Tour de l'horloge
Valencas
Ce village a conservé de belles maisons. Au pied du puech qui domine Valencas et Le Viala, on peut visiter un habitat troglodyte creusé dans le grès. Portes, fenêtres, niche, couloir sont taillés de main d'homme (on distingue nettement les traces laissées par les outils). Cet habitat date vraisemblablement du 13è ou 14è siècle.
Le site des Cabanettes
Pinet
Construit en longueur sur une serre dominant le Tarn, Pinet bénéficie d'un cadre magnifique.
Une partie de la seigneurie de Pinet - qui englobait les trois paroisses actuelles de Pinet, Ladepeyre et Saint Etienne de Meilhas- appartenait à la commanderie des Canabières au 13ème siècle, notamment les villages "del Mazel, de la Beloterie, de Las Cazes".
Le château de Pinet a perdu tous ses caractères féodaux. Les maisons de Pinet sont souvent ornées de linteaux de portes sculptés ou datés.
Portail d'entrée du château de Pinet
Les habitants de Pinet eurent de nombreux démélés avec leurs seigneurs. En 1507, le 7 janvier, un accord mit fin à un grand procès qui durait depuis plusieurs années. Les habitants de Pinet reprochaient à Gui de Mostuejouls d'avoir démoli une tour qui servait de refuge en temps de danger, d'avoir fait emporter quatre balistes, deux couleuvrines et deux martinets qui se trouvaient dans cette tour; d'avoir, par cette démolition ouvert le village qu'on ne pouvait plus clore la nuit. Le seigneur, ajoutaient-ils, a acquis des maisons dans le fort pour agrandir son château ... et dans sa nouvelle maison, il a placé des latrines au-dessus du portail d'entrée du village!
Il est même question lors de ce procès de l'intervention de "mascas, messenièrs e messenièras" (magiciens, sorciers et sorcières).
Coudols
Les moulins
A Coudols, il existait quatre moulins. Sur la Vabrette: moulin Roch, moulin sous Ourtiguet (attesté dès 1267), moulin de l'Heral (attesté en 1287), moulin de la Rouquette (attesté en 1342).
Moulin Julien
Fortifications
Au 13ème siècle, il y avait une tour refuge à Coudols. En 1375, le sénéchal du Comté de Rodez ordonne aux habitants de fortifier cette tour et de l'entourer de fossés pour s'y réfugier, eux et leurs biens, mais sans préjudice du guet qu'ils éaient tenus de faire à Ayssènes.
Le Minier
Des mines exploitées dès le 12ème siècle puis la découverte en 1250 de la mine d'argent d'Orzals, sont à l'origine de la création du village du Minier. En pleine activité durant les 13è et 14è siècles, elles expliquent la splendeur architecturale du village; pendant cette époque furent construites les remarquables maisons à portes en ogives, à fenêtres géminées avec chapiteaux sculptés et colonettes.
Près du pont, l'une de ces maisons porte une cheminée en forme de "lanterne des morts", très rare en Rouergue.
Un peu plus haut, en remontant le long du ruisseau, on découvrira une belle croix de pierre, et plus haut encore, l'ancien moulin de Dos Aygues.
Ladepeyre
A signaler sur les hauteurs de Ladepeyre, des ruines qui seraient les vestiges d'un moulin à vent, type de moulin rare en Aveyron. Les moulins à eau étaient bne plus répandus e nraison de nombreux cours d'eau permettant de produire de l'énergie sans être soumis aux aléas de la météo.
Les moulins servaient à moudre les céraales par un judicieux système qui permettait d'utiliser la force du vent pour actionner les meules. On peut penser que le moulin à vent est en quelque sorte l'ancêtre de l'éolienne actuelle;
Saint Symphorien
Le bâti actuel de l'église a été pour l'essentiel réalisé dans la 2ème moitié du XVe siècle. Des ouvertures et un enrichissement du mobilier sont réalisés dans la première moitié du XIXe siècle. C'est donc autour d'une église principalement marquée par le style gothique que le hameau se regroupe encore aujourd'hui. A Saint-Symphorien, un des fleurons de l'église est sa décoration intérieure : des peintures murales couvrent la totalité de la nef ainsi que des chapelles adjacentes. Ces décors sont aujourd'hui en partie masqués par des enduits anciens à la chaux, mais qui ont eu l'énorme avantage de les préserver. Certains fragments ont été dégagés à l'occasion des travaux conduits par l'Abbé Cazottes, révélant ainsi l'intérêt majeur de cette église pour le patrimoine régional. Ces peintures sont essentiellement des décors floraux, et une Vierge à l'enfant, qui relève de l'exception par sa qualité artistique, complète cet ensemble.
On trouve également deux sarcophages découverts sous le carrelage de l'église..